Niñas en el mar Joaquín Sorolla (Óleo, playa de Valencia, 1909) |
ACERCA DEL SUEÑO
A Irene
Qué es el sueño, preguntas,
con la abrumadora ingenuidad
de quien me presupone una respuesta.
Y yo salvo el escollo
modulando una frase convulsa
en la retórica de los desconciertos.
Te digo: el generoso don
que la fatiga obtiene de la noche,
una brizna de luz escalando la sombra,
el envés de una historia
cotidiana y absurda;
tú misma, hija mía,
cada palabra tuya, cada gesto.
No sé si el sueño
es potestad del hombre
o comparten los sueños animales y cosas.
Ignoro de igual modo qué hilo teje
su textura de seda,
qué alzada confabula
su hermética apariencia
o qué brújula guía
la estela de sus viajes.
Sé que hay sueños tristes y gozosos,
oscuros y diáfanos,
ocasionales y obsesivos;
sé también que hay sueños tan hermosos
que el tiempo los indulta y perseveran,
y no envejecen nunca.
con la abrumadora ingenuidad
de quien me presupone una respuesta.
Y yo salvo el escollo
modulando una frase convulsa
en la retórica de los desconciertos.
Te digo: el generoso don
que la fatiga obtiene de la noche,
una brizna de luz escalando la sombra,
el envés de una historia
cotidiana y absurda;
tú misma, hija mía,
cada palabra tuya, cada gesto.
No sé si el sueño
es potestad del hombre
o comparten los sueños animales y cosas.
Ignoro de igual modo qué hilo teje
su textura de seda,
qué alzada confabula
su hermética apariencia
o qué brújula guía
la estela de sus viajes.
Sé que hay sueños tristes y gozosos,
oscuros y diáfanos,
ocasionales y obsesivos;
sé también que hay sueños tan hermosos
que el tiempo los indulta y perseveran,
y no envejecen nunca.
A Irene
Qu’est-ce
que le rêve, me demandes-tu,
avec la naïveté accablante
de celle qui présuppose ma réponse.
Et j’évite l’écueil
en modulant une phrase convulsée
dans la rhétorique des désarrois.
Je te dis : le don généreux
que la fatigue obtient de la nuit,
un brin de lumière qui gravit l’ombre,
l'envers d’une histoire
quotidienne et absurde ;
toi-même, ma fille,
chacun de tes mots, chaque geste.
Je ne sais pas si le rêve
est l’apanage de l’homme
ou si les animaux et les choses partagent les rêves.
De même, j’ignore quel fil tisse
leur texture de soie,
quelle hauteur trame
leur présence hermétique
ou quelle boussole guide
le sillage de leurs voyages.
Je sais qu’il y a des rêves tristes et joyeux,
sombres et diaphanes,
occasionnels et obsédants ;
je sais aussi qu’il y a des rêves si beaux
que le temps les gracie et ils persévèrent,
et jamais ils ne vieillissent.
avec la naïveté accablante
de celle qui présuppose ma réponse.
Et j’évite l’écueil
en modulant une phrase convulsée
dans la rhétorique des désarrois.
Je te dis : le don généreux
que la fatigue obtient de la nuit,
un brin de lumière qui gravit l’ombre,
l'envers d’une histoire
quotidienne et absurde ;
toi-même, ma fille,
chacun de tes mots, chaque geste.
Je ne sais pas si le rêve
est l’apanage de l’homme
ou si les animaux et les choses partagent les rêves.
De même, j’ignore quel fil tisse
leur texture de soie,
quelle hauteur trame
leur présence hermétique
ou quelle boussole guide
le sillage de leurs voyages.
Je sais qu’il y a des rêves tristes et joyeux,
sombres et diaphanes,
occasionnels et obsédants ;
je sais aussi qu’il y a des rêves si beaux
que le temps les gracie et ils persévèrent,
et jamais ils ne vieillissent.
Para Ana
Hay sueños que una noche
consumen su existencia
y otros que se prolongan con los días.
Simulan los primeros
una especie común de lepidópteros
y acaban siendo pasto
del trastero y del polvo,
como un experimento vanguardista.
Levísimos planetas alumbran los segundos,
como estrellas fugaces que convocan
múltiples y azarosas travesías.
Ante nuestra mirada sus figuras componen
un paisaje celeste,
intangible materia en sereno reposo,
donde habita la luna del deseo.
II
Pour Ana
Il y a des
rêves qui, une nuit,
consument leur existence
et d’autres qui se prolongent avec les jours.
Les premiers ressemblent
à une espèce commune de lépidoptères
et ils finissent par être la proie
du débarras et de la poussière,
comme une expérience avant-gardiste.
Les autres éclairent de très légères planètes
comme des étoiles filantes qui convoquent
des traversées multiples et hasardeuses.
Devant notre regard leurs figures composent
un paysage céleste,
matière intangible au repos serein,
où habite la lune du désir.
(De Causas y efectos, 1997)
consumen su existencia
y otros que se prolongan con los días.
Simulan los primeros
una especie común de lepidópteros
y acaban siendo pasto
del trastero y del polvo,
como un experimento vanguardista.
Levísimos planetas alumbran los segundos,
como estrellas fugaces que convocan
múltiples y azarosas travesías.
Ante nuestra mirada sus figuras componen
un paisaje celeste,
intangible materia en sereno reposo,
donde habita la luna del deseo.
Pour Ana
consument leur existence
et d’autres qui se prolongent avec les jours.
Les premiers ressemblent
à une espèce commune de lépidoptères
et ils finissent par être la proie
du débarras et de la poussière,
comme une expérience avant-gardiste.
Les autres éclairent de très légères planètes
comme des étoiles filantes qui convoquent
des traversées multiples et hasardeuses.
Devant notre regard leurs figures composent
un paysage céleste,
matière intangible au repos serein,
où habite la lune du désir.
Traducción al francés de Miguel Ángel Real
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