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Desdoblamientos
Fotografías PEXELS |
HÉTÉRONOMES
Par
José Luis Morante
Traduction
par Miguel Ángel Real
En moi cohabitent, voués
à une immense routine sédentaire,
le moi qui pense et l'autre, mon apparence.
Un pacte, qu'ils avaient signé des yeux,
les oblige
à se respirer l'un l'autre dans une certaine
tolérance,
et tous les deux ont été exemptés
ne serait-ce que de mentionner
quelle fut la dernière cause
que leur a donnée la vie.
Chacun a déjà son enclave exacte :
le moi qui pense
habite, jour et nuit,
l'intimité de ces quatre murs.
Il ressemble à un enfant qui aurait oublié de grandir,
et pour cette raison
il nage dans la mer d'une sage ignorance.
(« C'est peut-être l'hiver...
c'est une raison suffisante pour expliquer le
cosmos »)
Et il balbutie. Il rit.
Il se perd dans les miroirs. Il gesticule.
Il collectionne les souvenirs comme si
c'étaient des coquillages
que l'oubli a enterrés.
Parfois il pleure et il porte le pull gris
de la mélancolie ;
il prend alors une feuille
où un sentiment commence son galop
et il devient prisonnier d'une tristesse
tenace,
jusqu'à ce que son regard se perde
et qu'il découvre, fatigué,
que dehors la pluie tombe
et que son profil est mouillé
par des gouttes légères de mon nuage.
Mon apparence
est sans cesse dans la rue.
Vous la connaissez tous
car elle partage avec vous tous ce pain et ce
sel
que la vie apporte sous le bras ;
les doses quotidiennes
d'angoisse existentielle, de travail et de
bruit.
Je trébuche avec elle
un après-midi quelconque,
au coin d'une rue,
et après m'être justifié, maladroit,
(« j'ai trouvé la porte ouverte
et je m'ennuyais... »)
j'en prends congé, joyeux, et je pars ensuite
-la démarche lente, les mains ensevelies
dans les larges poches de mon jean-
voir, tout simplement, le monde avec mes yeux.
HETERÓNOMOS
Dentro de mí conviven, abocados
a una inmensa rutina sedentaria,
el yo que pienso y otro, el que
parezco.
Un pacto, que firmaran con los
ojos,
les conmina
a respirarse en cierta tolerancia,
y ambos han sido absueltos
de mencionar, siquiera,
cuál fue la última causa
que les diera la vida.
Cada uno tiene ya su enclave
exacto:
el yo que pienso
habita, día y noche,
la intimidad de estas cuatro
paredes.
Es semejante a un niño que olvidara
crecer,
y por lo mismo
nada en el mar de una sabia ignorancia.
(“Acaso sea el invierno…
es razón suficiente para explicar
el cosmos “)
Y balbucea. Ríe.
Se pierde en los espejos.
Gesticula.
Colecciona recuerdos como si fueran
conchas
que ha enterrado el olvido.
A veces llora y viste el jersey
gris
de la melancolía;
entonces toma un folio,
donde inicia el galope
un sentimiento
y se hace reo de pertinaz tristeza,
hasta que traspapela la mirada
y descubre, cansado,
que afuera cae la lluvia
y mojan su perfil
unas livianas gotas de mi nube.
El que parezco
está en la calle de continuo.
Todos le conocéis
pues con todos comparte ese pan y
esta sal
que, bajo el brazo, trae la vida;
las cotidianas dosis
de angustia existencial, trabajo y
ruido.
Con él tropiezo,
una tarde cualquiera,
al doblar una esquina,
y tras justificarme torpemente
(“hallé la puerta abierta
y me aburría…”)
me despido gozoso y luego marcho
-el paso lento, sepultadas las
manos
en los amplios bolsillos del
vaquero-
a ver, sin más, el mundo por mis
ojos.
(De Rotonda con estatuas,
1990)